Ainsi, la jeune femme avait atteint les terres balkaniques du nord de la Grèce. Elle voyageait depuis un certain temps déjà, et n’en était qu’a la moitié de son périple. Mais malgré le poids de son bagage, la marche, la longue route et sa solitude, elle n’était guère fatiguée… Parce que tout lui était absolument passionnant. Chaque chose s’avérait si nouvelle et si palpitante qu’elle n’en finissait pas de découvrir, d’aller de surprise en surprise a saut et à gambade. Chaque jour, chaque heure de voyage apportait ses délices, et abolissaient tout aspect désagréable du voyage. La demoiselle en profitait pleinement, évitant les soucis sans trop de mal. Elle s’isolait, tout simplement, et parvenait a trouver des personnes de confiance avec lesquels elle pouvait voyager sans trop de craintes. Des femmes bien accompagnées, parfois des hommes bons… La chance lui souriait, et elle en profitait de son mieux. Mais les gens allaient et venaient…

- Merci beaucoup !

La demoiselle s’inclina devant son hôtesse, qui avec son mari avait accepté de faire une part du chemin avec elle, du port a la ville voisine. Cette fois ci encore, elle avait été très chanceuse de trouver une charmante et sure compagnie. Mais désormais, elle se retrouvait à nouveau seule… La demoiselle regarda avec un certain serrement au cœur la carriole s’éloigner.
Pourtant, la solitude était loin de lui être désagréable. Mais elle demeurait dangereuse… Et Blood n’aimait pas ca. Elle faisait trop souvent des mauvaises expériences, et la protection lui était salvatrice. Avoir des gens auprès d’elle assurant dans une certaine mesure sa sécurité la rassurait profondément. Si tôt qu’elle était seule face au monde, elle avait peur d’être confrontée a un péril trop grand… A commencer par celui au fond d’elle. Blood finit par soupirer, et tourna la tete vers le chemin qui était le sien. Le crépuscule approchait, et elle devrait certainement passer la nuit sur la route. La prochaine ville était trop loin… Enfin, rien ne servait de perdre son temps. Hissant la Pandora Box enroulée sur son épaule, elle se mit en marche.

Le sol de la Grèce ressemblait assez à ceux de l’empire romain… Et pourtant, c’était différent. Marchant a pas régulier, la jeune femme regardait non sans attention chaque pousse, chaque herbe. Elle en découvrait plusieurs, en retrouvait d’autres. Parfois, elle levait les yeux pour regarder le ciel, les arbres… Dans la lumière déclinante, les oliviers se dressaient. On l’avait prévenu, elle en verrait partout. De jolis arbres, typiques et la encore un peu différents de ceux qu’elle connaissait. Très vieux parfois même. Ainsi aspirée par ces spectacles silencieux, elle avançait.
Cette avancée dura un certain temps, tranquille, agréable, interminable aussi d’une certaine manière… Du moins jusqu'à ce que la femme, toute aspirée qu’elle était par ces contemplations muette, ne remarque des éclats de voix non loin et le bruit du crépitement d’un feu. Si tôt qu’elle eu remarqué la proximité d’un attroupement, la demoiselle vagabonde s’arrêtât net. Elle eu le malheur de faire, d’un faux mouvement, un peu plus de bruit qu’elle ne l’aurait voulu… On penserait à un animal, certainement, se dit elle le sang battant dans ses tempes de manière retentissante. S’éclipser. Elle ne pensait qu’a ca, et c’est ce qu’elle fit, ou du moins ce qu’elle entreprit de faire…

Malheureusement pour elle, Blood n’était pas tombée sur un groupe ordinaire. Et la phrase qu’elle entendit s’élever dans sa fuite silencieuse ne présageait rien de bon. Comment ces gens avaient ils pu l’identifier ainsi, sans la voir, d’un simple craquement de branche … ? Elle n’avait pas laissé derrière elle d’indice, et il y avait dans cette affaire quelque chose d’étrange. Un frisson la parcourut. A vrai dire, elle sentait quelque chose… Quelque chose qu’elle avait déjà senti au par avant, une force vague, là quelque part…

Il avait suffit d’un instant pour que déjà la demoiselle soit poursuivie… Et comme ses poursuivants malgré leur oisiveté progressaient vite, la rattrapent de peu. La pandora box pesait lourd sur ses épaules, et handicapait beaucoup la jeune femme dans ce petit morceau de foret. Les branches se coinçaient dans les sangles et le tissus a mesure qu’elle tentait de ce faufiler rapidement hors d’atteinte… Alors que derrière elle, les assaillants ne semblaient pas gênés outre mesure. Il en allait de même pour ses cheveux. Elle qui d’habitude était si prompte et habile, la chance ne jouait pas en sa faveur, bien au contraire. Après plusieurs minutes a fuir a pas silencieux, sans courir sachant que la discrétion serait une plus grande alliée que la panique, la jeune femme se retrouva coincée, une de ses longues mèches d’ébène douloureusement retenue par une branche traitresse. Elle ne put s’empêcher d’exclamer cette douleur piquante, et du s’arrêter dans l’espoir de se libérer.
C’était plus qu’il n’en fallait pour se retrouver encerclée. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre… Plus que tout autre chose, la jeune femme haïssait profondément ces situations, qu’elle ne connaissait que trop bien. Toujours désagréables, effrayantes… Et terriblement apte a laisse Beast prendre le pas sur elle. Par reflexe, elle se mit dos au tronc de l’arbre qui la retenait prisonnière, toujours les cheveux pris dans la branche. Si seulement ca n’était pas arrivé…

Un nouveau frisson d’épouvante la saisit spontanément lorsqu’elle vit a qui elle avait à faire. Ces hommes, à la carrure épaisse et parlant une langue qu’elle ne connaissait pas avaient les visages cachés dans d’épaisse cagoule de fourrure, leur prêtant un aspect monstrueux. Sur quel genre de personnes avait elle eu le malheur de tomber ? Ils se rapprochèrent, ne lui laissant plus de perspective de fuite alors qu’elle tentait encore de se libérer de son étau.

- Laissez moi.

Une tentative vaine de la jeune femme qui bien sur ne s’exprimait qu’en Latin. Après tout, c’était une langue que beaucoup avaient apprise… Mais pas eux. Et même si un ou deux peut être la comprenaient, il était évident qu’ils se moquaient bien de cette phrase exprimée avec pourtant tant d’assurance et de détermination. Dans sa boite de Pandore, l’armure de l’Aigle frémis… Mais elle n’eut pas le temps d’entrer en action.

Si tôt que l’un de ses personnages tentât de prendre Blood au bras, elle réagit violemment. Rejetant toute contact physique avec quiconque, ayant horreur de ces attouchements ignobles ou l’on tentait sans cesse de la faire sienne, la jeune femme laissât éclater instinctivement son énergie. C’était comme si toute la forêt lui avait donné la force de les repousser tous. La cage de Vent qui était la sienne se déchaîna autour du futur Aigle, repoussant violemment ceux qui de trop près avaient tentés de l’approcher. Frappés de plein fouet par la violente bourrasque d’air en mouvement et de cosmos, tous furent projetés en arrière, loin d’elle. Les branches griffèrent les dos et firent couler le sang tandis que le vent avait frappé avec force les organes, et certainement embrumé plus d’un esprit. Et elle demeura haletante… Prête à repartir tout de suite aussi loin que possible. Ils n’auraient pas le temps cette fois ci de se remettre.
La cage avait détruit par la même la branche qui l’avait retenu prisonnière.

Enfin, les cheveux se délièrent pour libérer la jeune femme. Elle avait perdu beaucoup de temps, et parmi ses victimes on bougeait faiblement. Blood s’éloigna le cœur battant a tout rompre… Elle se faisait presque peur. La violence n’était jamais de son élan, et pour elle étroitement liée à Beast. Qu’elle fut pourvue d’une telle force destructrice l’effrayait et la décontenançait, elle ne savait qu’en penser.
Furtive la demoiselle évoluait entre les troncs et les branchages non sans quelques peine, tâchant de préserver un rythme plus soutenu que d’ordinaire. Elle savait que parmi ceux qui avaient tentés de la violenter, un était repartit vers le campement. Serait-elle poursuivie par plus de gens encore désormais ? Cette pensée la terrifiait quelque peu. La demoiselle détestait ce genre de situations, le frisson de l’action ne lui disait rien de bon. Pour rien au monde elle ne prendrait plaisir a ressentir cela, et l’exaltation était bien loin de sa personne : elle n’était pas de ceux la. Elle préférait trouver le calme, loin. Elle fuyait.

Blood faisait un avec la foret, déjà. Elle n’était pas de ces combattants, elle était des lieux. Dans sa fuite, elle touchait les arbres, les épousait, se fondait petit a petit. Mais l’angoisse vague qui pesait sur elle la mettait en mauvaise posture. En tout cas, elle le sentait distinctement, ce cosmos derrière elle. Il n’y avait qu’une seule personne. Un poursuivant rapide : trop rapide pour elle. Elle en était pleinement consciente.
La jeune femme avait pris le temps d’enrouler ses cheveux sur eux même, afin qu’ils ne se prennent plus dans les branchages. Mais son long drapé blanc et son bagage jouaient toujours en sa défaveur. Finalement, elle se glissa au creux de deux troncs épais et noueux qui se touchaient presque, et ne bougeât plus. Son agitation confuse lui laissait bien soupçonner que sa présence, malgré sa discrétion, devait être discernable pour qui était capable de capter… Elle était parvenue à maitriser sa respiration, mais pas son cosmos. Il ne lui restait plus qu’a espérer que l’issue de cette confrontation serait heureuse… Face à un homme seul, elle avait peut être sa chance. Après tout, elle s’effrayait peut être mais elle c’était aussi surprise par son coup de force particulièrement lumineux.

A sa grande surprise, le poursuivant se mit à établir le dialogue, ou du moins tenter de le faire. La jeune femme écoutât avec attention ses dires… Mais elle ne répondit pas de suite, de naturel méfiant et consciente qu’on avait tout de même ambitionné de la violenter quelques instants au par avant. Elle n’allait pas baisser sa garde parce qu’on lui parlait tout à coup dans une langue qui lui était intelligible, le latin.

Pourtant, il essayait de la mettre en confiance. Ce curieux envoyé, a la silhouette visiblement plus frêle, au ton plus doux, en venait même a s’excuser de la part de leur groupe. Voila un revers de situation bien curieux : on menaçait de la violer, elle mettait ses assaillants à terre, et voila des raisons suffisantes pour vouloir s’accopiner. Mais il y avait une raison à tout cela, soit disant, le cosmos. La jeune femme attendit quelques instants… Ces hommes étaient étranges. Avec leur cagoule de fourrure. Ainsi, elle n’avait à faire qu’à des utilisateurs de cosmos ? La chose était dangereuse. Mais les paroles qu’elle entendait semblaient pleines de bonne foi, la chose viable. D’autant qu’elle avait faim, qu’il était tard, et qu’elle avait besoin d’un gîte et d’une sécurité. L’odeur de la viande vint chatouiller ses narines… Une de ses odeurs généreuses auxquelles elle était habituée au vu de sa vue d’esclave, mais a laquelle elle n’avait finalement que rarement eut l’occasion de goûter. Elle hésitât… Puis jetât furtivement un œil hors de sa cachette.
Il était là, accroupi, et brandissant son bon de viande. C’était visiblement un jeune homme, a la silhouette fine élancée en comparaison avec ceux qu’elle avait vu précédemment. Il semblât a la jeune femme que ça et là des mèches blanches dépassaient de cette étrange cagoule. Pourquoi ces hideux heaumes de fourrure ? Doucement, la solitaire montât la voix pour se faire entendre.

- Restez là où vous êtes. commençât elle. Ca n’est pas très seyant, d’attirer une jeune femme avec un bout de viande comme on le ferait avec un animal… Un silence. Comment puis-je vous faire confiance ?

Après tout rien ne l’assurait sur la bonne foi de celui qui se tenait la. Tout cela pouvait n’être qu’une stratégie, un piège pour mieux l’appâter… Les hommes pouvaient être monstrueux, pour des instincts si bas et primitifs. Redoubler d’audace pour des fins aussi viles… Elle ne préférait même pas y penser. Femme, elle était faible et « inférieure », mais malgré son caractère soumis, elle préservait une fierté, et ne se laisserait certainement pas faire.
En premier lieu, si cet homme voulait établir le dialogue avec elle, il fallait qu’il se montre digne d’une certaine confiance. La main de Blood coula sur l’écorce de l’arbre, et doucement, elle le contournât pour se révéler et regarder celui qui se tenait là. Elle était presque dans son dos.

Spoiler:

A ses paroles, il n’hésitât pas à se lever. Après tout, elle lui avait seulement dit de rester ou il était, et il était vrai que sa situation ne devait pas avoir été confortable. Afin d’établir le dialogue avec elle, il était resté la accroupi longtemps, en équilibre et ses jambes devaient en être douloureuses. Ses actes vinrent très vite confirmer les pensées de la jeune femme, qui détailla l’homme avec attention tandis qu’il détendait un peu ses muscles et se détendait de ses douleurs. Peut être était elle trop permissive : en lui laissant les jambes endolorie, elle aurait gardé plus de sécurité de son coté. Mais malgré son attitude prudente, elle sentait déjà qu’il n’y avait pas d’animosité, et de ce fait faisait l’erreur –peut être- de ne pas se montrer plus agressive que nécessaire, et de le laisser prendre ses aises. Au moins, elle instaurait ainsi quelque chose d’un peu tranquille, sans mettre a cette homme la lame a la gorge. D’autant que s’il était seul maintenant, il pouvait se révéler très mauvais de lui porter atteinte, et ainsi de provoquer toute sa troupe…

- Cependant vous savez que je suis en mesure de me défendre, et me sauter dessus n’aurait pas été très sage…

Finalement, elle le laissait même lui faire face envers et contre tout. Mais autour d’elle, elle ne sentait que des présences animales et le frisson des arbres : ni cosmos, ni simple présence humaine. Cacher leur présence … ? Ces brutes épaisses ne s’étaient pas montrées reluisantes en la matière jusque la, et ce type de détection faisait indéniablement parti des points forts de la jeune femme. Si il y avait eu d’autres personnes, elle l’aurait su.
Quand a celui qui lui faisait face… Malgré sa cagoule hideuse, il ne dégageait véritablement aucune animosité. Cela se voyait, dans sa manière de bouger, qu’il s’efforçait d’avoir l’air le plus sympathique et tranquille possible : mais elle n’avait pas l’impression qu’il s’agissait là d’une ruse. Se trompait-elle ? La jeune femme était portée a croire qu’elle pouvait avoir confiance en ses sens et son intuition. Si sa condition était souvent peu enviable, on lui reconnaissait toujours une certaine intuition qui faisait défaut aux hommes…

Lorsque son pied s’éleva pour s’avancer vers elle, Blood eut une sorte de petit soubresaut discret, mais perceptible. Sa main, s’étant élevé légèrement, avait déjà communiqué avec l’air ambiant, et une brise vint chatouiller immédiatement le cou de l’homme qui s’approchait. Mais elle ne fit rien de plus, et ne l’attaqua pas, ce n’était pas dans ses attentions. Elle avait eu un réflexe, tout simplement. Il n’avait pas un gabaries comparable a ses pairs… Et pourtant, elle ressentait son cosmos et comprenait sans mal qu’il n’en était pas moins redoutable. D’ailleurs, son apparence un peu frêle même le rendait finalement plus menaçant que ses pairs épais et couverts de muscles et de cicatrices. Il faisait partie de ses gens dont on ne se méfie moins, à tord. Tout comme elle, certainement. En tentant de la violenter, ses brutes n’avaient pas songé un instant qu’elle pouvait être puissante. Ils n’avaient même pas senti l’énergie qu’il y avait en elle, alors même qu’ils devaient en être capables. Mais elle, elle n’était pas dupe et désormais savait tout de suite très vite, quand on lui était pareil. Bien que certains soient capables de cacher leur aura… Elle-même apprenait à le faire petit à petit.

Elle se laissât approcher comme l’aurait fait une biche. Un peu farouche, sur le qui vive, les muscles bandés et toute l’attention portée sur celui qui approchait, mais sans pour autant en oublier d’être prête a ressentir chaque infime mouvement autour d’elle. Le cœur battant, elle ne le quittait pas des yeux, prête à l’attaquer a tout moment. Mais jusqu’au bout, il demeura fidèle à sa démarche, et rien ne trahis son apparente bonne foi. Finalement, il tendit le bout de viande, un peu comme un appât, toujours sans grande classe. Mais la forme avait beau laisser a désirer, ce simple présent était bel et bien un atout en sa faveur, et une bonne clef vers la réussite.

Évidemment, pas le nom de la cuisse de volaille. Ou alors, il était vraiment bizarre. Intérieurement, elle sourit de cette pensée bête, et extérieurement, son visage se dérida. Au moins, il se présentait à elle… Et décidément, elle n’avait pas envie de refuser ce beau morceau de viande.
Sans relâche, son regard sondait celui de son interlocuteur : entre les plis de l’étoffe crasseuse, elle distinguait de jolis yeux clairs, d’un bleu glacial. Encore, s’il avait été très laid… Mais finalement, ce jeune homme semblait cacher son sa cagoule percée de poils rances un joli visage. Elle ne comprenait pas le sens de cette parure grossière… Certainement représentait elle quelque chose, quelque chose de fort, mais en tant qu’esthète elle ne se serait pour sa part jamais résolue a porter cela. D’autant que ca n’avait vraiment pas l’air confortable…
Élevant sa main délicate, Blood finalement saisit le présent qu’on lui tendait. Elle ne mangeât pas tout de suite cependant. Elle soutint le regard de son interlocuteur, de son œil perçant à la teinte aussi argentée que l’armure qu’elle cachait dans une étoffe de tissus.

- En tant que femme, j’ai connu des situations semblables a la précédente, et il est normal que je me me méfie de vous, des hommes, et d’autant plus si vous maitrisez le cosmos. En ce moment même, vous êtes seul, je le sais. Mais ensuite ? Si je vous suit jusqu'à votre campement ou je serait entourée d’hommes dotés de pouvoirs pareils au mien, comment puis je être certaine de ne rien craindre ? Il suffit que je vous ressemble un tant soit peu pour que vous oubliiez vos pulsions...

Son scepticisme était tout a fait compréhensible, et elle ne suivrait pas celui qu’on lui avait envoyé sans être certaine intimement que c’était une bonne chose à faire. Elle recherchait protection, gîte, et sécurité. Et n’avait aucune envie de se retrouver soudain confrontée aux frénésies des hommes en proie a leur bas instincts, face a la femme qu’elle était. On en pouvait guère l’en blâmer…