| Sujet: Aux Portes d'un Monde en Guerre - solo Mar 13 Déc - 5:17 | |
| AUX PORTES D'UN MONDE EN GUERRE SOLO On est arrivé voyageur. Z'êtes certain de vouloir partir pour Norwich ?
Le questionna le capitaine de pêche qu'il avait pu soudoyer pour fuir les neiges, les glaces et les lames de ses compatriotes des terres du nord. Oui... encore merci pour la traversée. Enroulée dans une loque qui autrefois avait pu être un manteau de voyage, la petite silhouette encapuchonnée d'un jeune garçon descendit à terre en manquant de perdre l'équilibre. Il s'agissait du mal de terre dont souffraient tous les hommes qui restaient trop longtemps en mer, comme cela l'avait été pour lui justement. Une semaine de traversée. Une semaine affreuse dont les brumes douloureuses de la douleur n'avaient pas réussi à dissiper l'horreur. Son estomac n'avait pas retenu grand chose de sa première fois sur un navire pour tout vous dire, et je crois que cette phrase résume à elle seule l'état de fatigue extrême dans lequel se trouvait Rune Ynglingar. Pourtant celui dont le visage n'avait été vu que du capitaine lui-même partait à présent d'un pas lent mais certain vers la ville la plus proche. Une citée romaine, mais aujourd'hui passant de mains en mains au détour des batailles de tel ou tel chef tribal.
Trainant la patte, Ratatosk n'eut pas à aller bien loin pour sentir ses forces décliner -en partie seulement- car d'un autre côté, retrouver la terre ferme, même inconnue, le revigorait et lui rouvrait l'appétit ! Malheureusement cette terre semblait pas mal dépourvue de gibiers imposants comme par chez lui. Même s'il était dans l'état dans lequel il était, le blondinet découvrit avec surprises de nouveaux oiseaux, de nouveaux animaux, bref, une faune et une flore nouvelle et fascinante. Et des fruits, ô merci divin Odin, des fruits ! De la nourriture consistante ! Il en avait rêvé alors qu'il rendait es tripes à la mer glacée. Prit dans ce besoin primaire de se nourrir, Rune faillit se précipiter sur n'importe quoi. Il se retint au dernier moment : il n'était pas un sauvage ! Il allait trier tout ça, et grimper se mettre à l'abri pour manger. C'était là la seule marche de conduite digne de ce nom pour le porteur de l'armure de l’Écureuil lorsque celui-ci était seul. Des champignons, des noisettes, quelques herbes qu'il reconnu pour en avoir déjà reçu du guérisseur de son village et qui nettoyaient les impuretés de l'estomac... pratique si jamais il mangeait quelque chose de vénéneux ou de toxique. Il aurait bien chassé du gibier mais il avait troqué son arme et tous ses bijoux contre la traversée.
Un vrai petit mendiant ! Mon dieu que je dois faire peine à voir... l'honneur aurait pu lui dicter de se donner la mort, ou bien de provoquer quelque combat pour y périr l'arme à la main -ou sans armes en l’occurrence- mais ce n'était pas le genre de Rune. Bien que tentante, l'idée était à jeter : il venait à peine de s'éveiller, pas question de replonger dans le sommeil ! Odin vait besoin de lui, comme de tous les esprits protecteurs d'Yggdrasil. Et en parlant des esprits du nord... Rune sentait maintenant plus encore celui qui devait se trouver sur le territoire. Et il allait sans doute pouvoir s'orienter vers lui, lorsqu'il serait rétabli. S'il se rétablissait... Sa blessure à l'épaule était purulente de sang coagulée. Certes il avait pu faire extraire la flèche mais les dégâts n'étaient pas beaux à voir et Rune avait insisté pour prendre le bateau plutôt que de rester et être soigné. Mais rester aurait été prendre le risque d'être rattrapé par les hommes de son frère. Il ne voulait pas prendre le risque de mourir maintenant dans un combat inégal.
Juste un petit arrêt...
Articula-t-il à peine en haut d'une branche, adossé au tronc d'un vieux chêne. Il avait réussi à s'installer et avait mangé quelques succulents champignons mais à présent, son estomac redevenait douloureux, plus habitué à être sollicité pour autre chose que pour régurgiter. Ratatosk veillait sur lui. Odin aussi en théorie, à moins que ce ne soit l'inverse... oh et puis, quelle importance ? Rune tourna de l’œil sous le soleil de midi, avec le risque bien présent de ne plus jamais se réveiller...
... C'est l'odeur du bois brûlé qui taquina son odorat exacerbé par la privation forcée de ces derniers jours. La seconde information que reçurent ses sens était qu'il faisait noir, à l'exception du dit feu qui brûlait au pied de l'arbre. Quelqu'un était en train de se préparer un lapin de garenne bien maigre mais tellement appétissant à celui qui n'avait dans le ventre que des cèpes. Les yeux fatigués du jeune homme s'ouvrirent avec difficulté malgré le repos qu'il venait de prendre. Après-tout, ses blessures ne risquaient pas de guérir d'elles-mêmes dans cet environnement où ne naissait que la vie, même celle des maladies.
La suite vous paraîtra tellement simplette qu'on va juste la résumer pour passer à un nouveau chapitre -bien plus intéressant lui- de l'aventure du blondinet. Rune chuta de la branche d'arbre sur laquelle il se tenait, prit d'un vertige à cause de la fumée du feu qui lui montait à la tête. Dans sa chute, le garçon manqua bien de se tuer, ou de se brûler vif mais les branches dévièrent la position de son corps de manière à la faire atterrir sur le dos avec un minimum de dommages. Coïncidences ? Pas pour le vieil homme à qui appartenait le feu et le soupé en pleine cuisson. Quand on atteint un certain âge à Britannia, on en vient à penser qu'on est soit un lâche très persévérant, soit sous la protection d'une destinée bien insondable. Le vieil ermite au nom depuis longtemps oublié pensa bien en cet instant que la couardise prédominait sans aucun doute chez lui, vu la vitesse avec laquelle il faillit décamper malgré son arthrite ! Mais en découvrant le visage blanc comme un linge et couvert de sueur, le sang séché et surtout, l'armure que portait ce petit animal tombé de son arbre, l'ermite sut qu toute sa vie ne l'avait conduit qu'à cet unique instant. Il est de toute façon tellement plus facile de croire que de comprendre. L'homme sans nom soigna l'enfant avec toute la science que sa vie d'ascète lui avait offerte. Il le veilla trois jours et trois nuits, durant lesquelles il pansa ses blessures, nettoya son armure et lui fit une petite réserve d'herbes et de vivres pour la suite de son voyage.
Rune n'eut qu'un souvenir très vague de ces trois jours, tant la fièvre fût intense et proche de le tuer. Un instant, il crut voir sur le visage de cet inconnu les traits de son défunt père. De nouveau ses larmes coulèrent et le souvenir de sa traîtrise ayant conduit leur fraternité à s'entretuer creusa un peu plus le sillon du remord en lui. Mais une voix ou plutôt une armure était là pour empêcher le poison de la culpabilité d'infiltrer son âme. Cet enfant avait encore bien trop de choses à accomplir avant de mourir. Il n'était encore qu'au début de sa vie. Lorsqu'il se réveilla, Rune se sentit bien mieux qu'il ne l'aurait cru possible. A tel point qu'à travers la cime claire des arbres, sans un souffle de vent et avec la lumière de l'astre du jour en arrière plan, le paria cru bien avoir atteint le Valhalla. Il se souvint vaguement de l'ombre d'un homme barbu le veillant au plus clair de la nuit. Mais de son sauver nulle trace : celui-ci avait disparu.
Rune dépassa son corps sans le voir. Un vieil ermite vaincu par son dernier adversaire : le temps.
Hrp; Ce rp a été édité faute de partenaires et est donc devenu un rp solo racontant la fin de la fuite de Rune de son pays d'origine vers une direction qui n'était pas la bonne à la recherche de quelque chose qui n'était finalement pas "là". La suite se passe sur le Territoire d'Odin ! |
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